On les appelle « réfugiés », « migrants », « sans papier », « exilés ».
Ils sont souvent invisibles à nos yeux. C’est ce qu’a voulu exprimer l’artiste argentine Hyuro, invitée pour livrer son interprétation de Van Eyck. Elle a choisi de représenter une pièce de tissu, allusion aux riches étoffes que portent les personnages du peintre. Mais, si on observe mieux, on remarque des jambes qui dépassent, celles des réfugiés, sur la réalité desquels on jette un voile « pudique ».
Car les réfugiés existent, et ils ont un visage.
Visages
Ceux qu’a peint C215, en particulier dans le cadre du projet artistique »Welcome Refugees », qu’il avait lancé en 2017, à Paris et Vitry-sur-Seine.
C’est dans le même esprit qu’il a réalisé le portrait de Laurent Barthélémy Ani Guibahi boulevard de la Chapelle, à Paris.
Cet adolescent de 14 ans avait été retrouvé mort le 6 janvier 2020 à Roissy, dans un appareil d’Air France en provenance d’Abidjan. Sans rien dire de ses projets à sa famille, le garçon avait pris le chemin de l’aéroport. Il s’était glissé dans le train d’atterrissage d’un avion dans l’espoir d’atteindre la France, et surtout Paris dont il voulait voir la tour Eiffel.
« Ce môme porte en lui toute l’Humanité. Il incarne à lui seul tous ces enfants qui rêvent d’ailleurs, qui cherchent l’Eldorado », explique Christian Guémy alias C215, dans le Parisien. https://www.leparisien.fr/paris-75/paris-la-fresque-en-hommage-a-laurent-prend-vie-06-03-2020-8274294.php
Ces portraits de réfugiés, on en retrouve beaucoup également chez Guaté Mao (auquel j’ai déjà consacré un article https://francoisregisstreetart.fr/guate-mao/).
Cet artiste fait, le plus souvent, le choix du tout petit format, peut-être pour symboliser le fait que le réfugié est nié, si ce n’est rejeté, et qu’il doit se faire presque invisible pour être toléré.
Et les supports ne sont pas non plus innocents : coffres électriques au ras du sol,
hôtel plus ou moins miteux,
ou cyber-café.
Enfants et adolescents
Sur la plage de Calais, Banksy a peint un enfant qui scrute les côtes d’Angleterre avec une longue-vue. Mais sur celle-ci, est perché un vautour, sinistre présage.
Raf Urban, lui, dénonce le sort de ces adolescents qui ne sont pas pris en charge par les services spécialisés, parce qu’on considère qu’on n’a pas de preuve de leur âge réel. On les appelle les « mijeurs », pas considéré comme des adolescents pour leur prise en charge, ni comme des adultes et donc, non-expulsables.
C’est le symbole de la Justice aveugle avec sa balance qu’ont utilisé deux autres artistes, pour dénoncer le danger qui pèsent sur les enfants.
L’un à Tarente, dans les Pouilles,
L’autre, à Gand.
Errance
Ils partent, poussés par les persécutions politiques, les difficultés économiques, ou parce que la guerre fait des ravages.
Ces drames se reflètent bien dans cette célèbre photo, d’une mère syrienne fuyant la guerre en 2015 avec son enfant, qu’a reprise Rue Meurt d’Art à Lille et à Paris.
Ou dans cette fresque réalisée à Briançon. Manière de rappeler que beaucoup d’exilés risquent leur vie en essayant de rejoindre la France depuis l’Italie, empruntant les sentiers à travers les Alpes, dans la nuit et le froid.
Et, que ce soit par la mer ou par la terre, ils risquent de trouver la mort au cours de leur traversée.
Ou de se voir refuser l’accès à un port.
Solidarité
Cette solidarité, elle s’exprime partout sur les murs.
A Lurcy Lévis, l’indonésien Anagard a détourné le slogan de Donald Trump.
A Berlin,
A Bruxelles,
A Lübeck,
A Paris, sur cette façade du 11ème, où ont été collés des extraits d’un livre (je n’ai pas pu identifier lequel) qui retrace l’itinéraire de réfugiés depuis l’Afrique jusqu’en Europe.
A Paris également, un artiste exprime sa colère face au traitement que subissent les migrants à Calais et ailleurs.
Enfin, elle se manifeste en actes, partout et au quotidien. C’est ce qu’a voulu exprimer C215 (encore lui), avec son portrait de Cédric Herrou, cet agriculteur de la vallée de La Roya, proche de la frontière italienne. Cf https://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9dric_Herrou et https://www.telerama.fr/idees/cedric-herrou-je-voulais-juste-mettre-des-personnes-a-labri-et-je-ne-le-regretterai-jamais-6744775.php
Mais, réfugiés, cela rime, hélas, également, avec frontières et barbelés.
Barbelés
Comme le résume bien ce dessin vu à Bruxelles,
Et la réponse est, le plus souvent, sécuritaire.
A travers sa grande fresque réalisée rue d’Aubervilliers, à Paris, la colombienne Bastardilla illustre magistralement le drame des réfugiés. Des oiseaux migrateurs transportent des centaines de réfugiés, qui voyagent à pied ou dans des barques surpeuplées. Ils atteignent un continent cerné de barbelés et leurs corps blessés prennent la forme de ces nouveaux pays.
merci
passionnant décodeur de graff
Mon épouse m’a parlé au café avec beaucoup d’émotion de sa dernière promenade sur le blog de François Régis … J’en reviens … wahou … les murs crient … les murs se colorie de paix et de joie … les murs nous chuchotent que nous aussi nous sommes des réfugiés ou pire des emmurés …
Merci François Régis
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