L’Est de la Sicile, ce sont de magnifiques villes baroques, des sites antiques grandioses, de belles réserves naturelles… et aussi un peu de street art.
Raguse
Raguse fait partie des 8 villes classées au patrimoine mondial de l’UNESCO pour son ensemble urbain baroque.
Chaque année, depuis 2015, la ville organise un festival de street art le « Festiwall ». Elle invite à cet effet des artistes d’un peu partout et leur offre des pignons, surtout dans les quartiers périphériques d’habitat social. En voici une sélection.
Dans les rues du centre ancien, on croise des fleurs et des arbres bizarres,
Et à Ibla, le pendant aristocratique de Raguse, le street artiste italien Demetrio di Grado a collé une série consacrée à la famille.
Cela dit, quand on parcourt Raguse, on sent que cette ville n’a pas de réelle pratique en matière de street art et il y a un effet « décoration », même si beaucoup de ces fresques sont très belles.
Ce n’est pas la même chose à Syracuse ou à Catane.
Syracuse
A Syracuse, les habitants d’Ortigia, le centre ancien installé dans une île, investissent la rue pour y installer des plantes vertes ou autres.
On trouve aussi un beau dessin surréaliste au détour d’une rue.
C’est un artiste local qui a peint les chicanes qui limitent la circulation (il vend ses œuvres juste à côté, sur le trottoir).
Catane
Dans la 2ème plus grande ville de Sicile, dans le cadre du festival « Emergence » en septembre 2015, l’autorité portuaire a confié des supports à des artistes internationaux. Cette fois-ci, il s’agit d’énormes silos à blé (qui gardent leur fonction) pour ce que le site officiel de la ville revendique comme « l’œuvre de street art la plus grande du monde ». Il faut toujours se méfier de ce genre d’assertion, jamais vérifiée, mais il reste que le résultat est impressionnant.
Côté terre, les artistes ont travaillé sur les mythes:
Le minotaure vu par l’italien Danilo Bucchi,
L’espagnol ROSH333 avec son « Oracle », représente l’énergie explosive provenant de la forge du dieu Vulcain (située dans l’Etna),
Les deux vortex de l’italien Microbo illustrent « le mouvement perpétuel de Scylla et Charybde »,
Quant à l’italien Vlady Art, il a détourné les boîtes d’Andy Warhol, pour imaginer des conserves à base de viande de minotaure, de soupe d’égo artistique ou de morceaux de sirènes à l’huile d’olive,
BO130 lui aussi italien, a voulu, dit-il, rendre hommage aux migrants, avec cette œuvre intitulée « l’histoire non écrite de Colapesce ».
La légende de Cola Pesce – parfois Niccolò Pesce ou Colapesce – est largement diffusée en Italie méridionale depuis le 12ème siècle. La version sicilienne, la plus connue, est la suivante: Colapesce, était le surnom donné à Niccolò, fils d’un pêcheur. Il avait pris l’habitude de raconter les merveilles sous-marines découvertes lors de ses aventures, dont de riches trésors. Suscitant ire et jalousie, il fut mis au défi par le Roi – Frédéric II en l’occurrence – d’aller récupérer des objets que celui-ci jetterait au fond de l’eau. Après plusieurs succès, dans des épreuves toujours plus en profondeur, Colapesce ne reparut finalement pas. Certaines versions indiquent que ce fut de son propre chef, afin de protéger la Sicile : sous l’eau, il venait d’en découvrir les fondations – trois colonnes – et décida de les soutenir pour éviter que l’île ne s’engloutisse.
Le duo ukrainien Interesni Kazki s’est attaqué à deux mythes basés également en Sicile. Le premier réinterprète le triskèle, symbole de la Sicile (appelée par les grecs « Trinacrie », « 3 Pointes » en raison de sa forme),
Le deuxième réinterprète le mythe d’Ulysse échappant au Cyclope de la grotte où le géant le retenait prisonnier: Polyphème vivait près des pentes de l’Etna. Ulysse l’aveugla avec un pieu pour s’échapper, lui et ses compagnons, en se cachant sous les moutons du Cyclope.
Enfin, avec « la Bella di Bellini », l’espagnol Okuda rend hommage au compositeur catanais, qui représente quasiment un mythe dans sa ville natale.
Côté mer,
l’ensemble des 8 silos a été confié au portugais VHILS.
En déambulant dans Catane, on peut aussi voir
Un éléphant sur les portes d’un théâtre…
… Ou un baby foot.
Autres lieux
Sur les pentes de l’Etna, ces couleurs rendent hommage à cette maison qui a échappé (miraculeusement?) à une coulée de lave,
A Noto, on croise deux générations,
A Scicli, une réinterprétation de l’évolution,
Et à Paterno, un hymne à la paix…
… Et un hommage à Filippo Corridoni
C’était un syndicaliste révolutionnaire italien du début du XXième siècle (19/08/1887 – 23/10/1915), né dans les Marches (merci, Wikipédia!).
« Le peuple ne croit pas les adorateurs de comptes en banque, il croit à l’action, il croit à celui qui indique les voies du destin, mais par dessus tout, il croit à celui qui ouvrira les voies de la justice sociale ».