Dédié à Margarita y David
Le quartier de Testaccio doit son nom au mont Testaccio, autour duquel il s’étend. En effet, au fil de trois siècles pendant l’Antiquité, s’est accumulé un immense dépotoir constitué de tessons d’amphores débarquées du port fluvial sur le Tibre. Ces déchets ont fini par constituer une colline (d’aucuns disent qu’il s’agit de la 8ème colline de Rome) : le Mons Testaceus, c’est-à-dire, « le mont des tessons ».
Le quartier Testaccio est aujourd’hui, un quartier populaire et vibrant.
On y trouve du street art un peu partout :
Au fil des rues
L’œuvre marquante est celle de l’artiste gantois Roa, immense louve peinte sur le pignon d’un immeuble.
Mais beaucoup de boutiques se signalent par leur volet métallique.
Et les murs regorgent d’œuvres collées, dont voici quelques exemples:
Une œuvre de Leonardo Crudi, très influencé par le graphisme des années 1930. On le retrouvera dans mes articles suivants sur Rome.
… et on peut même trouver un génie sortant d’une coquille de noix!
Il mercato Testaccio
Le marché Testaccio était, jusque là, un lieu un peu mythique pour moi. Cela remonte aux années 1970. En septembre 1973, après le coup d’état de Pinochet contre le Président élu Salvador Allende, l’ambassade d’Italie à Santiago a accueilli des centaines de réfugiés qui ont pu, au bout d’un certain temps, rejoindre l’Italie où ils ont été accueillis à bras ouverts par la population. Nanni Moretti en a fait le sujet de son film de 2019 « Santiago, Italia ».
Parmi les réfugiés politiques, le groupe musical Inti Illimani, qui s’est installé dans le quartier Testaccio et qui, en signe de gratitude, a dédié un de ses morceaux instrumentaux, à ce quartier et au marché.
Celui-ci a été reconstruit depuis et compte plusieurs œuvres de street art.
Il mattatoio (les anciens abattoirs)
Inauguré en 1888, cet immense complexe a été fermé en 1975. Depuis cette date, il a évolué vers un usage culturel (concerts, annexe du MACRo), universitaire, associatif et social.
Il est, depuis longtemps, un des lieux d’expression favoris des street artistes romains, dont il démontre la vitalité.
Une des deux entrées (côté largo Dino Frisullo) a fait l’objet d’une intervention de Alessia Babrow.
Complétée, sur les murs latéraux par une tête de jaguar prolongée par un bouquet de fleurs, de Luca Leomente,
et par une œuvre de Laura Luvi: « Le dompteur de fleurs ».
Cette entrée des abattoirs par le largo Dino Frisullo a été illustrée par l’auteur de BD romain Zerocalcare, dans « Kobane calling », excellente BD en hommage aux kurdes du Rojava.
… Dans laquelle l’auteur se met en scène rendant visite au Centre social Kurde de Rome
… qui est toujours installé ici, comme en témoignent ces 2 fresques en hommage au peuple kurde.
dont ce beau portrait de femme, signé par ADR.
Ensuite, au gré de la balade, on trouvera une drôle de paire de cocktails Molotov,
des figurines de baby-foot, spécialité de Zeta,
Des super-héros, par Solo,
une femme et un serpent, par Diamond,
une tête de mort, par Kocore,
une carte urbaine imaginaire,
un portrait de Andy Capp, le célèbre cockney de Reg Smythe,
un visage à trois yeux,
une femme prise dans la toile d’une araignée « Facebook »,
et, bien sûr (on est à Rome!), des reproductions de statues antiques.
Des bœufs et des taureaux
Normal, on est dans un ancien abattoir!
Evocation du Minotaure,
Ou de l’enlèvement d’Europe par Jupiter (le dessin étant constitué par des crocs de boucher).
Evocation préhistorique,
Ou taureaux de combat.
La « Chapelle sixtine »
La grande arcade qui donne accès aux expositions temporaires organisées par le MACRo (le Musée d’Art Contemporain de Rome) a été investie par plus de 200 artistes romains, italiens, et étrangers, qui y ont collé leurs créations, dans un joyeux mélange. Cela donne une densité de collages street art époustouflante. D’où le nom de « Chapelle sixtine » du street art qui lui a été donné par les artistes.
Roma, Testaccio, Mattatoio – Déc. 2021 – Chapelle sxtine
Difficile de distinguer une œuvre d’une autre.
J’en ai extrait un hommage à Anna Magnani, la « Mamma Roma » de Pasolini,
Le pape François descendant en parapente (jeu de mots italien: « papapendio » signifie « parapente« ).
Des silhouettes d’hommes, titrées en plusieurs langues « Juste un homme« .
D’autres œuvres de Leonardo Crudi, déjà vu plus haut,
Et un constat désabusé porté par le duo « Qwerty » sur l’évolution des luttes depuis 1970: on est en effet passés de « Lotta continua », le puissant mouvement d’extrême gauche à « Lotta consumista »….
… Constat renforcé dans ce dessin qui reprend l’aphorisme de l’architecte Mies van der Rohe, en le transposant dans notre société: moins on a de cerveau, mieux on se porte.
Pour en savoir plus:
- Sur le mont Testaccio et son histoire: https://fr.wikipedia.org/wiki/Monte_Testaccio
- Pour écouter le morceau des Inti Illimani: https://www.youtube.com/watch?v=3jDLOS8Y3a0
vraiment très beau. Cela donne envie de retourner visiter Rome
As-tu un plan du quartier pour découvrir toutes ces merveilles? Ce serait top. Merci
Bonjour, non, je n’ai pas de plan du quartier, mais ce n’est pas compliqué de se retrouver dans le quartier: les fresques sont autour du marché et des anciens abattoirs.
Bonnes découvertes!