A l’occasion de la Fête de la Musique 2025
A Séville, capitale de l’Andalousie, la palissade d’un chantier a été couverte de dessins représentant le Flamenco. Ces dessins m’ont semblé représenter avec une telle justesse la force, le désespoir, la tendresse, l’émotion que charrient cette musique pour moi, que j’ai eu envie de les illustrer par des textes de deux poètes andalous, Federico García Lorca (extraits de son recueil « Poemas del cante jondo ») et Antonio Machado (extrait de « Coplas mundanas »).
Ce reportage photographique a été réalisé par Emmanuelle B
La guitare
Las seis cuerdas : « La guitarra / hace llorar a los sueños. / El sollozo de las almas / perdidas / se escapa por su boca / redonda…
Les six cordes : « La guitare / fait pleurer les songes. / Le sanglot des âmes / perdues / s’échappe par sa bouche / ronde »




… « Y como la tarentula / teje una gran estrella / para cazar suspiros, / que flotan en su negro / aljibe de madera. »
… « Et comme la tarentule, / elle tisse une grande étoile / pour chasser des soupirs / qui flottent sur sa noire / citerne de bois. »





Le chant
El grito : « La elipse de un grito, / va de monte a monte / Desde los olivos / será un arco iris negro / sobre / la noche azul. ¡ AY ! »…
Le cri : « L’ellipse d’un cri / Va de montagne en montagne / Depuis les oliviers / Il sera un arc-en-ciel noir / sur la nuit bleue. ¡ AY ! »…





… « Como un arco de viola / el grito ha hecho vibrar / largas cuerdas del viento. ¡ AY ! »…
… « Comme un archet d’alto, / le cri a fait vibrer / les longues cordes du vent. ¡ AY ! »…




… « (Las gentes de las cuevas / asoman sus velones.) »
… « (Les habitants des grottes / brandissent leurs bougies.) »

La danse
El paso de la siguiriya : « Entre mariposas negras, / va una muchacha morena / junto a una blanca serpiente / de niebla / Tierra de luz, / cielo de tierra. » …
Passage de la séguidille : « Parmi des papillons noirs, / va une fille brune / à côté d’un blanc serpent / de brouillard. / Terre de lumière, / ciel de terre. » …




« Va encadenada al temblor / de un ritmo que nunca llega : / tiene el corazón de plata / y un puñal en la diestra. » …
« Elle est enchaînée au frémissement / d’un rythme qui jamais n’arrive ; / elle a un cœur d’argent / et un poignard dans la main droite. » …



… ¿ Adónde vas, siriguiya, / con un ritmo sin cabeza? / ¿ Qué luna recogerá / tu dolor de cal y adelfa ? / Tierra de luz, / cielo de tierra. »
« Où vas-tu, séguidille, / avec un rythme sans tête ? / Quelle lune recueillera / ta douleur de chaux et de laurier-rose ? / Terre de lumière, / ciel de terre. »



« ¡ Adiós, lágrimas cantoras, / lágrimas que alegremente / brotabais, como en la fuente / de limpias aguas sonoras ! » Antonio Machado
« Adieu, larmes chantantes, / larmes qui joyeusement / jaillissaient, comme dans la fontaine / d’eaux saines et sonores ! » Antonio Machado

Pour en savoir plus :
Federico García Lorca et la guitare;
Intégrale des « Poemas del cante jondo » (en espagnol).
Pour en voir plus :
L’article de mon blog sur les villes d’Andalousie