Christiania, la ”Ville Libre” (Fristaden Christiania en Danois) est née en septembre 1971 (le 26, comme le précise la fresque ci-dessous), au moment où un certain nombre de personnes issues des milieux hippies et anarchistes danois décident de s’installer sur les 34 ha de l’ancienne caserne de Bådsmandsstræde, dans le quartier de Christianhavn.
La charte écrite par les fondateurs précisait : « L’objectif de Christiania est de créer une société autogérée dans laquelle chaque individu se sent responsable du bien-être de la communauté entière. Notre société doit être économiquement autonome et nous ne devons jamais dévier de notre conviction que la misère physique et psychologique peut être évitée. »
Ils ont été nombreux, les hommes politiques, promoteurs immobiliers et autres qui ont voulu avoir la peau de cette utopie. Mais, 52 ans plus tard, Christiania est toujours là. Même s’il a fallu en rabattre sur certains objectifs (l’autosuffisance économique, par exemple) et céder du terrain (en 2011, après des années de batailles juridiques et autres, les résidents parviennent à racheter à l’État 7,7 ha des 34 ha originels).
Aujourd’hui, Christiania abrite environ un millier d’habitants. Mais son attractivité et son poids économique et culturel sont démesurés par rapport à ce chiffre. C’est ainsi que Christiania attire environ un million de touristes par an. Plus d’une cinquantaine de collectifs divers exercent des activités industrielles, artisanales, commerciales, culturelles, sanitaires, théâtrales, etc. Christiania possède son jardin d’enfants, sa boulangerie, son sauna, son unité d’éboueurs/recycleurs,
ses bulldozers, sa fabrique de vélos, son imprimerie, sa radio libre, une forge, un cinéma et une foule de bars, restaurants et lieux de spectacles. Pour l’anecdote, les égouts de Christiania ont été rénovés et agrandis par les Christianites eux-mêmes.
À Christiania les voitures, les armes, les gilets pare-balles et les drogues dures sont interdits. Mais la Ville Libre était surtout connue jusqu’à présent pour « Pusher street », la rue où le cannabis était en vente libre. C’est fini depuis le 27 août 2023, date à laquelle l’assemblée commune (le principal organe de gouvernance) a décidé d’interdire aux revendeurs l’accès au quartier.
Pour le visiteur, Christiania, c’est un repaire de créativité, un endroit un peu foutraque, un mélange de labyrinthe, de capharnaüm, et d’idylle rustique. Pour l’amateur de street art, c’est un petit paradis. Alors, on y va !
Cercles
Depuis 1971, Christiania s’est doté de son propre drapeau, composé de trois cercles jaunes sur fond rouge qui représentent les points des trois « i » de Christiania. Les trois cercles accueillent le visiteur dès l’entrée du quartier.
Ils sont également déclinés de multiples façons dans tout le quartier.
Syncrétisme
L’iconographie dominante du quartier est typique d’une des origines de Christiania. Mélange de traditions scandinaves, hindoues et bouddhiques.
Animaux
Plus ou moins bizarres,
Et plus ou moins accompagnés.
Fleurs
Visages
Plus ou moins nombreux.
Vélo
On le voit sur mes précédentes photos, le quartier regorge de vélos. Et pas n’importe lesquels ! Puisque la voiture y est interdite depuis les origines, les résidents ont dû faire preuve d’imagination pour transporter personnes et objets plus ou moins lourds et encombrants. Ils ont donc d’abord commencé à fabriquer des remorques. Puis, à partir de 1984, ont fabriqué, sous la marque « Christiania bikes », les fameux vélos bi ou triporteurs qu’on trouve maintenant partout au Danemark et à l’étranger. Les ateliers existent toujours à Christiania,
mais le plus gros de la production a été délocalisé dans l’île de Bornholm.
123transformer
Cet artiste résident du quartier me semble celui qui résume le mieux l’esprit de Christiania.
Pour en savoir plus:
Site officiel (en Danois): https://www.christiania.org/
Page Wikipédia: https://fr.wikipedia.org/wiki/Christiania_(Danemark)
Christiania Bikes: https://www.christianiabikes.com/fr/