Louyz, on la croise beaucoup depuis plusieurs années sur les murs du 13ème arrondissement de Paris, en particulier sur la Butte aux Cailles, pas très loin de la rue Abel Gance où elle partage un atelier avec sa mère, Leonor Rieti. Je l’ai rencontrée et j’ai découvert qu’elle était la descendante de toute une lignée d’artistes muralistes.
Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
J’ai 35 ans, je suis née et j’habite à Paris. Je suis issue d’une famille d’artistes : mon grand-père, Fabio Rieti, était peintre-muraliste. Ma mère a suivi ses traces et j’incarne donc la troisième génération ! Par ailleurs, mon père est décorateur, ma tante architecte…
C’est ce qu’on appelle une vocation !
En effet, j’ai tellement baigné dedans que je ne pouvais pas faire autre chose, c’était une évidence ! Toute petite, j’escaladais les échafaudages sur lesquels travaillaient mon grand-père et ma mère. Après la 3ème je me suis inscrire dans une école de dessin. J’y suis restée trois jours… En fait, je voulais vraiment entrer dans la vie active! J’ai travaillé cinq ans en décoration d’intérieur avec mon père, puis dans la peinture murale avec ma mère depuis plus de 10 ans. Une partie de notre travail a été d’ailleurs été la restauration des œuvres de mon grand-père, par exemple, les trompe-l’œil de l’esplanade Beaubourg ou le portrait de Jean-Sébastien Bach, rue Clisson.
Le trompe-l’œil, c’est une très bonne école pour apprendre les bases de la peinture : il faut dessiner un motif, savoir observer, être attentif aux lumières, calculer les proportions…
Pourquoi le street art ?
D’abord, parce que je baigne dans l’art mural depuis toute petite. Et puis, peindre dehors, c’est peindre pour soi et pour tout le monde à la fois. On est dans le partage, et j’aime voir les réactions des gens.
Quels sont vos thèmes favoris ?
J’aime faire un mélange entre trois éléments :
La ville :
Paris, c’est ma ville et je m’y sens bien. J’aime figurer des décors urbains et y glisser des monuments parisiens.
La végétation :
Rester à Paris et, à la fois, s’évader avec cette végétation luxuriante, je trouve ça magique.
Le monde animal :
Depuis toute petite, je me sens plus à l’aise pour représenter des animaux que des figures humaines. Je suis fascinée par les animaux, ils ont un côté sauvage et mystérieux qui m’attire. Et puis, texture, pelage, écailles, couleurs… ils me donnent plein de possibilités pour m’exprimer.
Ces thèmes sont récurrents, d’abord parce que c’est ce que j’aime représenter, et puis, je veux qu’on repère immédiatement ma « signature ». Mais à l’intérieur de cette ligne directrice, je fais ce dont j’ai envie.
Et le lézard ?
Je n’ai jamais eu une passion pour les reptiles, ils me feraient presque peur ! C’est peut-être aussi ça qui m’a attiré. J’ai eu envie de faire un animal grimpant, qui se faufilerait sur une façade. Le lézard est là, sur nos murs, sans un bruit, mais avec toujours un œil qui nous observe.
J’aime aussi l’idée de surdimensionner. Est-ce lui qui est gigantesque ou nous petits ? Un petit reptile qui en deviendrait presque dinosaure.
Et puis, le lézard, ce sont aussi une multitude de couleurs et une peau écailleuse qui m’inspirent beaucoup. La végétation qui l’accompagne est en lien direct avec l’animal, qui vient avec son univers.
Quelle est votre technique ?
Mon école, c’est le muralisme. Je n’utilise donc que de la peinture acrylique au pinceau. Jamais de bombe. J’adore créer les couleurs à partir de la gamme de base. Comme en cuisine, je travaille la pâte pour aboutir à des résultats qui sont toujours différents.
Quels sont vos artistes de référence ?
Bien sûr, mon grand-père, Fabio Rieti, et Gilles Aillaud (un grand-oncle) ; et puis le douanier Rousseau et les films animaliers de Disney, notamment « Le livre de la jungle ».
Quelle est votre démarche en tant qu’artiste ?
J’ai envie d’apporter du rêve et de la gaieté à travers mes peintures, faire sourire les enfants au coin d’une rue, donner un instant d’évasion aux passants, leur donner envie de lever un peu les yeux et d’observer ce qui les entoure.
Pour en savoir plus :
- Sur Louyz, Leonor et Fabio Rieti :
- Sur Fabio Rieti : pour comprendre son apport fondamental comme pionnier de l’art urbain, le mieux est de lire son interview (« La ville est notre appartement commun ») dans :
- Pour retrouver l’œuvre de Louyz en soutien à l’Ukraine:
- On peut trouver Louyz également sur les réseaux sociaux, Instagram et Facebook: tapez LOUYZ
Super bien
exotisme et aussi intimité; c’est d’ailleurs presque toujours une évidence, dans le street art, cette sensation d’intimité qui se crée même sur un très grand mur: peut-être par la pose d’un « je » fermement identifié dans un espace à tous?
merci pour la rencontre, votre dialogue que tu nous offres, c’est encore plus intime!
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