Lors de ma première balade à la découverte du street art à Roubaix, mon attention a été attirée par plusieurs fresques ou graffitis qui représentaient des oiseaux ou/et des végétaux.
J’ai alors appris que l’artiste s’appelait Benjamin Duquenne. Plus tard, j’ai découvert d’autres de ses œuvres, dont plusieurs ont été réalisées dans le cadre du festival « Expériences Urbaines », ou « XU », organisé chaque année par la ville de Roubaix, depuis 2015: « Avant l’aube« , réalisée avec le belge Nean et avec l’aide de Iota, autre artiste belge,
« Terrarium« , toujours avec Nean, qui s’inspire du film de Miyazaki « le château dans le ciel » et que j’ai déjà présentée dans un autre article « Villes fantastiques » https://francoisregisstreetart.fr/villes-fantastiques/.
Cette grande fresque est prolongée par un long mur qui reprend les thèmes chers à Benjamin Duquenne.
Et je suis aussi tombé sur lui à Bruxelles, sur une œuvre collective réalisée avec des artistes du collectif Propaganza, auquel Benjamin appartient (cf mon article https://francoisregisstreetart.fr/ixelles-chaussee-de-boondael/).
J’ai donc pris contact avec lui et je suis également allé visiter l’atelier qu’il a occupé à Bailleul, dans la friche industrielle Nordlys.
Lorsque nous nous sommes rencontrés, il a accepté de répondre à quelques questions.
- Peux-tu te présenter en quelques mots?
Je suis un artiste autodidacte né à Roubaix. Je vis et je travaille sur le territoire du Nord de la France et de la Belgique. Je suis membre de plusieurs collectifs: « Propaganza », à Bruxelles et « Des Friches et des Lettres », à Roubaix. Et j’ai également co-créé il y a quelques mois, mon propre collectif: « HARMONIA GAMA ». Depuis 2009, j’ai créé mon autoentreprise et je vis de mon art. »
- Pourquoi as-tu choisi le street art comme moyen d’expression artistique?
Je préfère parler de graffiti, qui est une partie d’un art urbain beaucoup plus vaste. J’ai découvert la culture du graffiti en 1993, à 14 ans; puis, en 2000, le land art. Ce sont ces 2 disciplines artistiques qui ont forgé ma vision créative. J’ai commencé réellement à pratiquer le graffiti à partir de 2005, surtout au contact de Spazm (décédé en 2019), grand artiste et maître en graffiti 3D. Et très rapidement, je suis entré dans des collectifs.
Pour moi, le graffiti, c’est une culture populaire, un art pour tous. C’est un moyen efficace de faire société, car on est dans la rue, au milieu de cette jungle urbaine et, potentiellement, on touche tout le monde. Il y a également un rapport au respect et à la liberté de chacun si l’œuvre est respectueuse quant à ce qu’elle porte comme message et à ce qu’elle présente en formes et en couleurs.
- Peut-on dire que la Nature constitue ta principale source d’inspiration?
Oui, bien sûr. L’entièreté de mon œuvre artistique repose sur les valeurs fondamentales des composantes de la santé et de nos droits culturels ; l’importance de croire en les capacités de chacun de s’épanouir individuellement et de faire société. Mes créations se concentrent autour des thématiques de la renaturation et de la transition : mobilité, mutation, transversalité et continuité. C’est pourquoi, pour définir mon style, j’ai longtemps parlé de « graffiti organique« . Maintenant, je parle plutôt d’oeuvre d’art totale et de renaturation, mais cela revient au même.
- Peux-tu choisir quelques-unes de tes œuvres et les commenter?
« Ce sont toutes des œuvres qui ont été réalisées en 2019, à Roubaix, Valenciennes et Carvin ».
« Vilnis » (Roubaix)
« Cela faisait au moins 10 ans que j’avais repéré ce pignon. Pour la palette, on a repris les couleurs rose délavé du pignon d’origine. Pour les motifs, il y a du végétal et du minéral, on a repris le vocabulaire du mobilier urbain qui était autour de nous et le peintre Jean-Pierre Ugarte a été également une source d’inspiration. Le titre est repris du letton: Vilnis signifie « ondulation » et c’est aussi le nom d’une rivière« .
« Nun Expérience » et « Transmission » (Valenciennes)
« Les 2 fresques se font face à face, sous un pont routier. Elles ont été réalisées pendant l’été 2019, dans le cadre de l’opération « Nos quartiers d’été ». Le thème est identique pour les deux: la connaissance, par la transmission ou par l’expérience. »
Transient.0 (Valenciennes)
« C’est une œuvre réalisée avec les habitants du quartier Dutemple, dans le cadre de l’opération « Nos quartiers d’été » et dans la continuité de l’opération de rénovation de ce quartier. L’intention était de créer un objet-totem, qui permette d’identifier la ferme de quartier, engagée dans l’expérimentation de la ville nourricière. La silhouette est inspirée du chevalement de la fosse Dutemple, autour de laquelle a été construit le quartier. Nous voulions illustrer cette mutation, d’un secteur où on allait chercher la ressource au plus profond de la terre, pour brûler cette ressource; à un quartier qui expérimente la culture de la terre« .
Liliane (Carvin)
« C’était une commande de l’association des commerçants du Centre-Ville, en partenariat avec la ville de Carvin. Il s’agissait de valoriser l’ancienne gare ferroviaire, dans le cadre d’un projet d’aménagement global. La ville nous a demandé de travailler sur le thème de la fleur, car elle participait au concours « Villes fleuries » et et aspirait à obtenir la distinction d’une nouvelle fleur. Nous avons donc réalisé une espèce de déesse, qui vient répandre ses fleurs sur la ville« .
Pour en savoir plus: site officiel de Benjamin Duquenne: https://benjaminduquenne.weebly.com/
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